Influence des endorphines sur l’addiction

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Influence des endorphines sur l’addiction

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En étudiant le rôle des endorphines dans le système nerveux, les chercheurs ont observé des liens avec le circuit de la récompense.

Publié le: 
27/04/2018
Des neurotransmetteurs

Les endorphines, contraction de “endogène” (=produit à l’intérieur) et « morphine », sont des molécules produites naturellement dans le cerveau. Il en existe plusieurs variétés dont les cinq principales sont 
- la béta-endorphine, 
- les met- et leu-enképhaline, 
- les dynorphines,
- les néoendorphines. 
Elles se lient à des récepteurs appelés récepteurs opioïdes, dont il existe trois types,
- mu (µ), 
- delta (δ),
- kappa (κ). 
La béta-endorphine se lie préférentiellement aux récepteurs mu, la met- et la leu-enkephaline aux récepteurs delta, et les dynorphines ainsi que les néoendorphines aux récepteurs kappa.

La découverte du système dit « opioïde » découle de la curiosité des chercheurs qui ont voulu comprendre comment la morphine, une composante de l’opium utilisée depuis la nuit des temps comme analgésique, exerçait sa fonction. Les récepteurs opioïdes ont été identifiés en 1975 et les endorphines l’ont été peu après.

Les endorphines jouent un rôle clé dans le système nerveux central en régulant la perception de la douleur. Mais elles participent aussi largement aux sensations de bien-être et de plaisir ainsi qu’à la régulation de l’humeur. 

Si les émotions positives provoquées par le rire, l’amour, le sexe et l’exercice physique sont associées à la sécrétion d’endorphines, un dysfonctionnement du système opioïde est impliqué dans des pathologies mentales comme l’autisme, la dépression, les troubles de la personnalité et l’addiction.

Rôle dans le système de récompense

En effet, le système opioïde endogène joue un rôle très important dans le contrôle des circuits cérébraux de la récompense, dont le neurotransmetteur principal est la dopamine. Les récepteurs opioïdes sont ainsi très largement distribués dans les structures cérébrales associées aux circuits de récompense et motivation telles que l’aire tegmentale ventrale, le noyau accumbens, l’amygdale et le cortex préfrontal.

L’impact des endorphines sur les composantes de l’addiction diffère selon le récepteur concerné. 
La beta-endorphine, qui se lie au récepteur mu, est impliquée dans les effets renforçants des drogues, c.a.d. la motivation à consommer. Cela a été démontré par deux types d’expériences, en laboratoire. Dans la première, l’administration d’un opiacé (le fentanyl) chez le rat activait les récepteurs mu dans le noyau accumbens, ce qui augmentait la libération de dopamine dans le système de récompense. Dans la seconde, toujours chez le rat, le blocage des récepteurs mu empêchait la libération de dopamine dans le noyau accumbens induite par l’alcool, la cocaïne, le THC, ou la nicotine. De plus les récepteurs mu participent largement au développement de la tolérance et la dépendance physique dans les cas de consommation d’opiacés et de nicotine.
A l’inverse, des travaux sur des modèles animaux suggèrent que la dynorphine qui se lie au récepteur kappa s’oppose aux effets des autres endorphines. De fait, l’administration des différentes drogues amplifie l’activité du couple dynorphine/récepteur kappa, ce qui permettrait de réduire l’augmentation de la libération de dopamine dans le système de récompense. 

La pratique d’une activité sportive augmente la sécrétion des endorphines et améliore le bien-être. Elle est donc conseillée pour lutter contre l’addiction. 
Des travaux menés chez l’homme ont montré qu’un exercice intense répété pendant 15 mn était suivi d’une augmentation de beta-endorphine dans le sang. Mais si on préfère le sport d’endurance il faudra pratiquer pendant au moins une heure avant de faire bouger la concentration de beta-endorphine. 

Auteur(s): 
Bertrand

Nalpas

MD, PhD, Directeur de recherche émérite - Inserm

MD, PhD
Directeur de recherche émérite
Département Information Scientifique et Communication de l'Inserm

 
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